Ecophyto Un député prône un nouveau plan avec une Pac encore plus verte en 2020
Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle et éleveur laitier, propose un nouveau plan Ecophyto 2015/2025 sans changer de cap. La diminution de moitié de la consommation de pesticides se ferait dans un premier temps en optimisant les solutions actuellement disponibles. Pour la période 2020/2025, le député prône la mise en place de politiques (Pac plus écologique, un nouveau plan protéines) plus incitatives pour transformer les systèmes d’exploitation et les rendre moins dépendants de l’usage des pesticides.
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par rapport à 2008. (©Terre-net Média)
« C’est le rapport de la seconde chance et même de la dernière chance ! ». C’est en ces termes que Dominique Potier, le producteur de lait lorrain élu député de Meurthe-et-Moselle en 2012, a présenté son document de 251 pages avec 68 propositions, intitulé "Pesticides et agro-écologie, les champs du possible" le 7 janvier dernier. Remis le 23 décembre dernier à Manuel Valls, Premier ministre, il y expose la méthode à suivre pour rénover le plan Ecophyto 2018 actuellement en vigueur en s’appuyant sur l’expérience acquise ses six dernières années, même si les résultats obtenus ne sont pas probants. Mais l’objectif reste le même : baisser de 50 % l’utilisation des produits phytosanitaires par rapport à 2008.
Dominique Potier suggère de diminuer en deux temps la consommation de pesticides avec une première réduction de 25 % d’ici 2020 puis une seconde de 25 % à l’horizon 2025. Et pour y parvenir, il s’appuie sur ses 68 propositions « qu’il est nécessaire de retenir dans leur entièreté pour préserver la cohérence du rapport », a souligné le député. Certes, certaines d’entre elles ne manqueront pas de faire réagir les professionnels agricoles, mais le fait qu'elles soient portées par un éleveur laitier les rendra plus crédibles, semble t-il.
Un plan en deux phases
Le rapport "Pesticides et agro-écologie, les champs du possible" a été commandé au début de l’année dernière par Jean-Marc Ayrault et Philippe Martin, alors Premier ministre et ministre de l’Ecologie. Il est le résultat d’un travail collectif colossal. Il a été élaboré après avoir rencontré plus de 200 personnes et plus 90 organismes de tous horizons mais aussi après avoir fait sept déplacements sur le terrain.
En s’inscrivant dans le projet agro-écologique du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, les 68 propositions de Dominique Potier reposent sur sept principes visant entre autres à « mobiliser les leviers qui favorisent le changement des pratiques de l’entreprise » et à « utiliser la fiscalité au service de la mutation des entreprises ». Sur ce dernier point, la mission du député lorrain propose une augmentation de la redevance pour pollutions diffuses dont le produit de la collecte servirait à financer les pratiques des agriculteurs engagés dans des démarches environnementales vertueuses. Ces redevances seraient en fait assimilables à une nouvelle Cvo.
La première baisse de 25 % de l’utilisation des pesticides serait atteinte « en optimisant les systèmes de production à l’aide des solutions actuellement disponibles et « à ferme France identique ». Les résultats obtenus dans les exploitations du réseau Dephy montrent que les marges de progrès existent. « Mais la mise en œuvre efficace de l’ensemble des techniques employées nécessite d’accompagner les agriculteurs qu’il s’agisse de les informer sur la dynamique des bioagresseurs, de leur fournir des conseils, de les former ou de leur diffuser des informations techniques », écrit Dominique Potier dans son rapport. Soulignons aussi qu’une de ces propositions porte sur le développement des équipements de pulvérisation de précision et des matériels de désherbage mécanique.
Renforcer les paiements verts
Par ailleurs, le député suggère de renforcer le plan protéines présenté il y a quelques semaines par Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture.
La seconde phase du plan, autrement dit la réduction jusqu’à 50 % de l’utilisation de pesticides à l’horizon 2025, serait « permise par des mutations profondes des systèmes de production, soutenues par les déterminants politiques du moyen et long terme (orientation de la Pac) et par des avancées de la science et de la technique ».
Elle « impliquerait des changements profonds au sein des systèmes de production » et « la mobilisation de tout le système de recherche-développement-innovation pour accroître l’éventail des solutions alternatives à l’emploi de pesticides chimiques et pour proposer une nouvelle conception de la protection phytosanitaire sur la base de connaissances nouvelles sur le fonctionnement des agrosystèmes ». Mais cette seconde phase ne pourrait pas non plus être envisagée sans une révision de la Pac en 2020 en mobilisant davantage d’outils en faveur de l’élevage et en « affectant aux aides couplées à la production une part significative des enveloppes nationales pour des motifs environnementaux ». Dominique Potier suggère aussi « le renforcement des mesures de verdissement en s’attachant notamment à celles favorisant la réduction de dépendance aux pesticides ».
Prendre en compte les exigences des consommateurs
La légitimité du nouveau plan Ecophyto pourrait aussi reposer sur la nécessité de satisfaire les exigences des consommateurs avides de produits sains et de qualité. La mission coordonnée par Dominique Potier propose du reste de « prendre en compte les enjeux de santé et d’environnement dans les cahiers des charges des labels de qualité » et de « renforcer l’information sur la qualité de l’alimentation et la santé dans les médias ». Ces mesures se traduiraient alors par de nouvelles pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement en contribuant à la baisse de l’utilisation de pesticides, défend le rapport du député lorrain.
par des membres de sa mission avec lesquels il a réalisé son rapport. (@ Assemblée nationale)
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